Daniel Bernard n’aura duré qu’un petit 7 ans, José-Luis Duran moins de 4 avant d’être débarqué et Lars Olofsson juste 3. Les PDG – "sauveurs" – de Carrefour, n°2 mondial de la grande distribution, 470.000 employés et quelque 16.000 points de vente dans 32 pays, ont manifestement quelques difficultés à faire leurs preuves. Le CV prestigieux du Suédois Olofsson ne lui aura rien servi. Vice-président de Nestlé en 2001 puis vice-PDG en 2005 après 32 années de services loyaux et fidèles, il lui faudra désormais ajouter, 2009-2012, une brève trajectoire de pétard mouillé chez Carrefour. Le bilan n’est en effet guère reluisant. Sous son règne, Carrefour a subi cinq "avertissements" de profits décevants, son chiffre de ventes est en recul presque partout en 2011 et, pire, depuis l’entrée en scène d’Olofsson, les actionnaires ont vu fondre leur investissement d’un quart de sa valeur. C’est particulièrement dur à avaler pour les deux spéculateurs de "référence" (16% du capital) que sont le fonds Colony Capital et le milliardaire français Arnault qui avaient acheté le titre, en 2007, au cours de 45 euros. Il n’en vaut plus que 18. Donc, exit Olofsson. Le piquant de l’affaire est que son successeur, Georges Plassat (ex-dirigeant de Casino), décrit comme un réducteur de coûts ("cost-killer"), est présenté sous les mêmes oripeaux – le nouveau "sauveur" de Carrefour – que le fut son malheureux prédécesseur. Ce dernier avait cherché la relance avec le concept "Planète Carrefour", censé rendre universel le modèle d’hypermarché du groupe. L’idée n’a jamais été soumise au vote des 470.000 employés. Structure, donc, assez féodale. Le sort de tous dépend des décisions d’un seul. Là, c’est au tour de Plassat.

Source : Financial Times et De Standaard du 27 janvier 2012, L’Écho du 31 janvier 2012.