Le tour pris par la structure de propriété du champion européen de l’aéronautique EADS (capitaine à 80% d’Airbus) ne manque pas d’être instructif. C’est que l’entrée dans l’actionnariat, à hauteur de 5%, d’une banque d’État russe (Vneshtorgbank) n’a pas été accueillie avec l’enthousiasme qu’on réserve en général au jeu normal du marché. Loup dans la bergerie ! Et communiqué commun des actionnaires historiques pour signifier à l’intrus qu’aucune place ne sera faite au conseil d’administration pour des investisseurs qui tenteraient de "circonscrire" la structure majoritaire existante. Les écoliers qui chercheraient à démêler l’écheveau pour en tirer la juste leçon risquent d’en être pour leur frais. Dans les mêmes temps, en effet, un fonds spéculatif (Cevian) qui a acquis 4% du constructeur d’utilitaire suédois Volvo dans le but avoué de lui faire recracher un excédent de trésorerie de près de 3 milliards de dollars, se lamente de l’opposition gouvernementale à son projet en clamant que "les actionnaires ont le droit d’être traités correctement". Dans le même temps, encore, pour justifier son projet cousu main de privatisation de Gaz de France en vue de fusionner la société avec Suez, le gouvernement français s’est installé au balcon, déclarant sans rire que "la fusion relève de la seule décision des conseils d’administration des deux entreprises". Alors ? Alors, c’est selon. Les lois du marché fonctionnent, ou ne fonctionnent pas, selon les intérêtsdes puissants, des vents dominants. Le reste est littérature, discours et propagande.

Source : Financial Times du 15 septembre 2006 et archives du Gresea.