Ainsi que le veut l’adage : il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant que, mort de vieillesse, il ne nous la lègue par testament. Dans une dépêche récente datée du 21 octobre 2015, écrivions-nous, la division Lumileds ("éclairage automobile et ampoule LED") de Philips était donnée comme vendue en mars 2015. Erreur, il fallait lire : dont la vente était annoncée en mars 2015. Entre-temps, patatras. C’est que les acheteurs pressentis de Lumileds, non contents d’être des fonds d’investissement spéculatifs, sont majoritairement des fonds chinois : participent en effet au fonds Go Scale, repreneur déclaré, les fonds GSR Capital, Nanchang Industrial Group et Asia Pacific Resource Development, tous basés en Chine. Cela n’a pas eu l’heur de plaire à l’autorité compétente étatsunienne, chargée de surveiller – voire empêcher – des investissements susceptibles de nuire aux intérêts du pays. Or Lumileds a beau être une propriété du néerlandais Philips, son siège social est à San Diego, en Californie. Pour ses travailleurs, répartis entre les États-Unis, les Pays-Bas, la Pologne, l’Allemagne, la Malaisie, Singapour et la France (3.122 salariés en 2011), c’est peut-être une bonne nouvelle. Pour Philips, non : le prix de vente, 2,8 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros), était censé alléger de moitié la dette du groupe, en l’abaissant à 2 milliards d’euros, ce à un moment où la progression des ventes de Philips dans les marchés dits émergents (assurant 30% de ses revenus) décline, tant en Chine qu’au Moyen-Orient et en Turquie. Les tractations entre Philips, Go Scale et l’autorité de surveillance étatsunienne autour de "certaines préoccupations imprévues" apparues chez cette dernière, pour utiliser les termes embarrassés de Philips, se poursuivraient cependant. Dans le plus grand secret.
Sources : Financial Times du 27 octobre 2015 ainsi que, quasi à même date, Reuters et BBC.