Le constructeur d’automobile allemand Daimler (la Mercedes) n’est pas très heureux. Il envisage de porter plainte à l’autorité de régulation financière (Bafin). Pas contre celle-ci mais contre le législateur. Les nouvelles règles de transparence introduites en 2008 lui paraissent en effet excessives. Elles obligent les entreprises en Allemagne à rendre publics tous les mouvements (y compris indirects) affectant son capital social, donc son actionnariat, ses propriétaires – et ce en vue d’une information complète des "investisseurs". On notera en passant que, excessives ou non, ces règles de transparence témoignent, chez le législateur, d’un grande attention pour les intérêts des investisseurs : aux demandes d’associations civiles telles que la Coalition Travail décent (Belgique) ou l’European Coalition for Corporate Justice (Europe) en faveur d’obligations de transparence au bénéfice des travailleurs et des populations affectées par les opérations des sociétés transnationales, les parlementaires se montrent souvent plus réticents, jugeant que cela reviendrait à affliger les entreprises d’une surcharge administrative, par définition excessive. Aux investisseurs, par contre, on est aux petits soins. Chez Daimler, et cela ennuie beaucoup la direction, on s’est ainsi vu obligé de déclarer (rendre publiques) les positions acquises par la Deutsche Bank (3,6% des parts sociales mais, par voies détournées, 18% des droits de vote), Goldman Sachs et Morgan Stanley (10% des parts sociales, par des voies détournées) – sans compter celles, plus problématiques, d’Aabar Investments, le fonds d’investissement d’Abu Dhabi, dont les parts ont chuté à 3%, mais... en gardant 16,9% des droits de vote ainsi qu’un droit de préemption permettant au fonds de remonter aux 9% de son stock originel. Cela fait, vis-à-vis, des investisseurs et de l’assemblée des actionnaires propriétaires, un peu désordre et c’est ce qui irrite Daimler. Il lui faudra sans doute s’y faire. L’autorité de régulation financière a déjà déclaré qu’il est un "organe exécutif qui applique les règles établies par le Parlement". Dura lex, sed lex.

Source : Financial Times, 30 avril 2012.