Dans le monde entier, et particulièrement en Europe, les villes sont devenues un champ de bataille face au pouvoir croissant des multinationales, et à tous les problèmes sociaux et écologiques qu’elles apportent trop souvent avec elles.
Une publication de Corporate Europe Observatory (CEO), Observatori del Deute en la Globalització (ODG), Observatoire des multinationales et le Transnational Institute (TNI), dans le cadre du réseau ENCO (European Network of Corporate Observatories).
De la remunicipalisation de l’eau à la régulation d’Airbnb et Uber, en passant par la mise en œuvre de la transition énergétique et les luttes pour le logement et contre la spéculation immobilière, d’innombrables batailles se livrent en Europe opposant, d’un côté, des multinationales et des géants de la finance, et de l’autre les villes et leurs citoyens.
Cette publication de Corporate Europe Observatory (Bruxelles), Observatori del Deute en la Globalització (Barcelone), Observatoire des multinationales (Paris), et du Transnational Institute (Amsterdam) dans le cadre du réseau ENCO est la première tentative d’offrir un aperçu d’ensemble de cette confrontation entre villes et multinationales, qui se joue simultanément dans plusieurs secteurs d’activité et de différentes manières. Elle rassemble des articles écrits par des militants, des journalistes, des élus et des experts de plusieurs pays européens. Il y est question de Barcelone et des « villes rebelles » espagnoles, de Berlin, Paris et Naples, de Dubrovnik et Belgrade.
D’un côté, de nombreuses villes grandes et petites multiplient les initiatives pour s’attaquer à la crise climatique, réduire les pollutions, améliorer la qualité de vie, combattre les inégalités, garantir les droits et les besoins fondamentaux, stimuler une activité économique locale qui profite à tous et non seulement aux lointains actionnaires des multinationales. Ce faisant, elles se heurtent aux intérêts des géants de l’énergie, du commerce, de l’automobile ou des services urbains.
De l’autre côté, les villes sont de plus en plus sous pression du fait de l’austérité budgétaire qui leur est imposée, de l’arrivée de fonds financiers internationaux spéculant sur l’immobilier ou les grands projets d’infrastructure, du boom du tourisme de masse, et enfin de l’irruption de nouveaux acteurs comme les GAFAM ou les plateformes qui bouleversent les politiques de logement, de mobilité ou de commerce.
« Villes contre multinationales » montre comment, dans toute l’Europe, des villes et leurs habitants s’engagent pour le changement social et la justice climatique. Mais elle montre aussi l’ampleur des obstacles auxquels ils sont confrontés, y compris de la part des niveaux national et européen. Les règles européennes sur les marchés publics, par exemple, restent malgré les révisions récentes un obstacle majeur à toute tentative de stimuler le développement économique local. Airbnb se tourne avec succès vers les tribunaux européens pour empêcher les villes de réguler ses activités. Et les milieux d’affaires pressent la Commission européenne d’imposer des contraintes encore plus strictes sur les politiques municipales.
Les conséquences de ce lobbying se font sentir dans le « Single Market Enforcement Action Plan » présenté par la Commission européenne en mars 2020, qui inclut une relance de la directive controversée de notifications sur les services, une législation dont de nombreuses villes européennes craignent qu’elle ne restreigne leurs prérogatives démocratiques face au secteur privé.
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