Après des années de dictature militaire et de sanctions, le commerce avec le Myanmar (anciennement Birmanie) connaît aujourd’hui une croissance rapide. Ses bas salaires et ses conditions commerciales favorables font de cette fragile et naissante démocratie un hub mondial de la production de vêtements. Parmi les clients de l’industrie, des marques et enseignes européennes d’habillement telles que H&M, C&A ou Primark sont tentées d’en faire la prochaine étape de leur course au profitprofitIl s'agit du profit attribuable à la société, au groupe. Exemple : lorsqu'une filiale est détenue à hauteur de 50% par le groupe A, seuls 50% des profits de cette filiale est attribué au groupe A. On parle aussi du {{profit net du groupe}}. maximum, sans scrupule vis-à-vis des mauvaises conditions de travail. Dans son rapport, SOMO, associé à deux organisations locales rend compte en détail des très bas salaires, du recours au travail d’enfants, de la difficulté pour les travailleurs de faire valoir leurs droits et bien d’autres violations des droits humains de ceux et celles qui fabriquent nos vêtements. Le rapport tire également les conclusions de ces constats en traçant des recommandations qui s’adressent tant aux gouvernements qu’aux entreprises.


Photo : ILO, "Myanmar : A new path out of adversity", May 2013 CC via Flickr

Article initialement publié par Achact

Le Myanmar est extrêmement attractif pour l’industrie de l’habillement puisqu’il est bon marché en raison des bas salaires et de conditions tarifaires favorables aux exportations. Sous la pression d’entreprises clientes – dont H&M, Primark et C&A - des fabricants chinois et coréens notamment y ont installé ou délocalisé leur production. Ce « race to the bottom » ou en d’autres termes cette course vers les meilleures conditions de profitprofitIl s'agit du profit attribuable à la société, au groupe. Exemple : lorsqu'une filiale est détenue à hauteur de 50% par le groupe A, seuls 50% des profits de cette filiale est attribué au groupe A. On parle aussi du {{profit net du groupe}}. se fait largement au détriment du respect des droits des travailleurs.

Douze usines, 400 travailleurs

En collaboration avec les organisations locales Action Labor Rights (ALR) et Labour Rights Defenders and Promoters (LRDP), SOMO a mené l’enquête dans 12 usines produisant pour l’exportation dont huit appartiennent à des propriétaires étrangers. SOMO a interviewé 400 travailleurs de ces usines dont une très large majorité de femmes et s’est entretenu avec des propriétaires d’usine, des représentants de marques de vêtements, d’initiatives multipartites, d’organisations d’employeurs, d’ONG et de syndicats locaux et internationaux.

Mauvaises conditions de travail

Les travailleurs de l’habillement quittent souvent une campagne appauvrie pour tenter de trouver un emploi en ville. Avec un salaire minimum légal de 2,48 euros par jour, soit environ 50 euros par mois, ils ne peuvent accéder qu’à un logement sommaire dans un bidonville, une pension ou chez des proches, parfois sans électricité ni eau courante. Pour gagner un peu plus, ils accumulent les heures supplémentaires et travaillent ainsi jusqu’à 11 heures par jour. Durant les périodes de rush qui précèdent une échéance de livraison par exemple, ils sont parfois obligés de faire des heures supplémentaires non payées. Il arrive souvent que les employeurs retiennent les salaires lorsque les employés sont malades et ne peuvent pas aller travailler. Des filles de moins de 15 ans travaillent dans ce secteur. Il s’agit de sérieuses violations des normes internationales du travail. Et cette situation est aggravée par le fait que les travailleurs ont très peu de possibilités de porter plainte et d’obtenir réparation. Il y a très peu de syndicats indépendants.

Recommandations

Le Myanmar est une démocratie fragile et un pays particulièrement pauvre. Il est vital que la croissance de l’industrie de l’habillement bénéficie à la population et non pas uniquement aux marques internationales qui s’y approvisionnent. L’industrie de l’habillement a le potentiel de contribuer à la réduction de la pauvreté mais elle est potentiellement aussi un facteur aggravant lorsqu’elle viole les droits du travail ou lorsqu’elle a un impact négatif sur les travailleurs et les communautés, l’environnement et l’économie locale.

Tous les acteurs impliqués – de l’usine aux clients de l’industrie, du gouvernement du Myanmar à ceux qui hébergent les sièges des entreprises étrangères ou l’Union européenneUnion européenneOu UE : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L\'Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007). (En anglais : European Union) qui négocie actuellement un accord pour la protection des investissements au Myanmar – ont la responsabilité fondamentale de protéger les droits humains et les droits des travailleurs. Il est nécessaire et urgent de mettre en œuvre une meilleure évaluation des risques, de les atténuer et de permettre des recours vis-à-vis des violations existantes.

Résumé du rapport FRANÇAIS
Rapport complet ANGLAIS
Fiches H&M, C&A et Primark
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